Dr MF PUYO-LARTIGUE, microbiologiste, spécialiste de la restauration du microbiote intestinal et de la santé globale par l’Alimentation Symbiotique.
Les plus récentes recherches médicales révèlent que les altérations et les déséquilibres de notre « microbiote » intestinal, appelées dysbioses, sont associées aux maladies chroniques dont la prévalence augmente de façon inquiétante. Maladies inflammatoires, maladies cardio-vasculaires, cancers, surpoids-obésité, diabète de type 2, maladies ostéo-articulaires, maladies du foie, maladies du rein, allergies, maladies auto-immunes, maladies digestives, troubles mentaux et psychiatriques (anxiété, hyperactivité, dépression, schizophrénie, autisme, alzheimer,…), vieillissement (sarcopénie), la liste ne cesse de s’allonger. En France, on estime que plus de 20 millions de personnes seraient atteintes de maladies chroniques.
Alors que l’on connaissait depuis longtemps l’existence de la flore intestinale, la découverte des rôles du microbiote intestinal dans la santé et la maladie est perçue comme l’une des avancées scientifiques les plus importantes des dernières années. Ainsi, les maladies chroniques résulteraient non pas de l’agression de microbes pathogènes, mais d’une rupture de l’équilibre des communautés microbiennes présentent dans l’intestin avec laquelle nous vivons en symbiose, c’est-à-dire dans une relation gagnant-gagnant profitable et durable pour l’ensemble des partenaires.
100 000 milliards de microbes et moi et moi et moi.
Le microbiote intestinal pèse 1 à 2 kilos avec ses 100 000 milliards de microbes, majoritairement des bactéries plus ou moins diversifiées (100-1000 espèces), mais aussi des levures (champignons) et des virus.
Si certaines espèces sont communes à un grand nombre de personnes, d’autres au contraire sont propres à chaque individu, ce qui fait du microbiote un marqueur personnel unique comme les empreintes digitales et l’ADN.
De plus en plus de chercheurs considèrent le microbiote comme un « organe » à part entière, tant il est désormais évident qu’il a des implications capitales dans la majorité de nos fonctions vitales, digestive, métabolique, immunitaire et neurologique. Saviez-vous que plus d’un tiers des molécules détectées dans notre sang sont produites par les bactéries de notre microbiote ? Certaines d’entres-elles sont responsables de désagréments et de maladies, tandis que d’autres augmentent notre bien-être. C’est par exemple le cas des précieux acides gras à chaînes courtes (AGCC) qui régulent la perméabilité intestinale et préviennent l’inflammation. Les AGCC sont synthétisées par des bactéries à partir des fibres végétales, appelées GAM (Glucides Accessibles au Microbiote) surtout au niveau du colon. Les AGCC sont bénéfiques, d’une part parce qu’ils réduisent les risques de développer un cancer du colon et d’autres part ils régulent le métabolisme et le stockage des graisses, deux facteurs déterminants dans le développement du syndrome métabolique, du diabète de type 2, du surpoids et de l’obésité. Les AGCC sont maintenant utilisés comme marqueur de bonne santé intestinale, en particulier lorsque les médecins cherchent un donneur sain pour réaliser une greffe de matières fécales.
Les bactéries intestinales synthétisent aussi des enzymes qui aident à digérer nos aliments et des vitamines, notamment la vitamine K et toutes les vitamines du groupe B, y compris la vitamine B12 !
Et ce n’est pas tout, les bactéries intestinales jouent également un rôle crucial dans la formation et le fonctionnement de notre système immunitaire, clé de notre santé. Elles dialoguent avec notre cerveau et notre système nerveux et façonnent notre système immunitaire dès la petite enfance.
On les retrouve partout dans notre corps, majoritairement dans nos intestins bien sûr, mais aussi sur notre peau, dans nos bronches et notre cœur. A la surprise générale, les scientifiques ont découvert que des bactéries logeaient aussi dans notre cerveau que l’on croyait jusqu’alors physiologiquement stérile. Là encore, leur rôle parait essentiel puisque les premières études révèlent qu’elles interviennent dans la protection du cerveau, la réduction de l’anxiété, les performances de la mémoire et même le développement des capacités cognitives !
Restaurer le microbiote symbiotique, la médecine du futur.
Ces nouvelles connaissances révolutionnent notre vision des microbes, ouvrant la voie de la symbiose là où nous avions cru de prime abord que seule la lutte était de mise. C’est un véritable changement de paradigme qui s’opère. Il interroge nos définitions du « soi » et du « non-soi » et la représentation du corps qui en découle. L’organisme humain se définit maintenant comme un écosystème ouvert en relation avec son environnement, un super-
organisme chimérique possédant un double génome, humain et microbien, ce dernier comptant 150 fois plus de gènes.
Nos conceptions de la santé et de la maladie ainsi que des relations qu’entretient l’individu avec son environnement sont à réinventer.
Devant tant d’évidences, une réflexion urgente s’impose pour trouver la meilleure façon de nous occuper de ces hôtes de choix qui nous rendent autant de services essentiels.
La première réponse est basique : il s’agit d’apprendre à connaître les bactéries, de cesser de leur nuire et de leur donner ce dont elles ont besoin pour qu’elles puissent vivre et nous servir sereinement.
Les bactéries sont les formes de vie les plus anciennes. Elles ont réussi à peupler la Terre il y a plus de 3,8 milliards d’années, en se nourrissant d’eau, de minéraux, de molécules gazeuses et de lumière. L’eau et les minéraux sont toujours essentiels au bon développement des bactéries de nos microbiotes et nous devons veiller attentivement à leur fournir tout les minéraux et oligo-éléments dont elles ont besoins.
En développant le concept d’Alimentation Symbiotique, j’ai réalisé que si nous désirons être en bonne santé, nous devons absolument prendre en compte les besoins nutritionnels et les sensibilités des bactéries symbiotiques. Ainsi, ce n’est plus seulement « moi » que je nourris mais aussi les bactéries de mon microbiote. Je choisis donc les aliments qui leur procurent ce dont elles ont besoin en prenant soin d’éviter les comportements et les aliments qui les stressent. Et elles me le rendent bien puisqu’un microbiote en symbiose c’est l’assurance d’avoir une digestion efficace, un transit régulier, une immunité à toute épreuve et un moral au beau fixe, car là encore, c’est lui qui commande la production de sérotonine, le messager du bonheur.
La médecine du futur ne sera plus limitée à soigner les défaillances et les maladies mais elle orientera ses efforts vers une médecine préventive qui aura à cœur d’apprendre à cultiver la santé en restaurant la diversité bactérienne avec une alimentation symbiotique.
La diversité c’est la clé.
C’est en étudiant des populations qui vivent au contact de la nature que les chercheurs ont découvert qu’elles étaient moins touchées par les maladies chroniques et que leur microbiote était mieux diversifié. Ainsi la diversité du microbiote serait la clé de voute du bien-être et de la santé. Or nos modes de vie et nos choix alimentaires réduisent de façon inquiétante la diversité de nos environnements et de nos microbiotes qui en sont le reflet.
Il est donc primordial d’apprendre à restaurer la diversité. C’est ce que transmets le Dr MF Puyo-Lartigue en consultations individuelles et lors des formations à l’Alimentation Symbiotique.